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#3 Se déplacer à la campagne

Si se passer de voiture est relativement facile en ville, la réalité est toute autre dans les zones rurales ou rurbaines. Selon l'Ademe, 22% seulement des habitants des communes rurales affirment pouvoir choisir entre plusieurs modes de transport, contre 89% des Parisiens. Les Français vivant en milieu rural partagent pourtant, eux-aussi, l’envie de moins utiliser leur voiture.

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Source : La mobilité de demain, une infographie de QQF et de l'Ademe

À la campagne ou dans les zones mal desservies par les transports publics, la voiture reste le moyen de transport privilégié. Mais pour faire quoi ? Trois choses, principalement : se rendre à son travail, faire des courses et accompagner les enfants à leurs activités quotidiennes.

Pour chacun de ces trois besoins, même en habitant dans une zone rurale, des alternatives existent. Petit tour d'horizon des solutions à mettre en œuvre à son niveau.

Éviter la voiture individuelle pour se rendre à son travail

Le covoiturage

L'hiver dernier, alors dans la navette entre Marseille et Aix-en-Provence, je me retrouve coincé dans les embouteillages habituels de 18h. Le bus étant surélevé, une bonne vision des deux voies de l'autoroute s'offre à moi : dans l'immense majorité des voitures, une personne seule. Or, à cet horaire, on peut légitimement penser qu'il s'agit de personnes rentrant du travail, et faisant donc chaque jour le même trajet.

Un constat confirmé par les statistiques : en semaine, les trois quarts des déplacements automobiles sont réalisés sans passager. Dommage lorsqu'on sait qu'un salarié habitant à 30 kilomètres de son lieu de travail et covoiturant tous les jours en alternance avec un collègue économisera 2 000 euros par an, contribuera à la décongestion du trafic et à la diminution de particules fines et de CO2.

Parfois, nul besoin d'attendre les solutions technologiques ou l'homme providentiel : il suffirait de supprimer une à trois voitures sur 10 pour éradiquer la congestion partout en France. Sans aucun coût d'infrastructure ni investissement supplémentaire, simplement en utilisant les places disponibles dans les voitures qui circulent. D'après le think tank The Shift Project, le covoiturage présente l'un des meilleurs potentiels de réduction des émissions de CO2 dans les zones périurbaines : jusqu'à - 27 %, pour un coût très faible et des gains économiques importants pour les ménages.

Pour faciliter le réflexe covoiturage, des applications comme Klaxit ou IDvroom sont disponibles et ont déjà noué des partenariats avec entreprises et administrations pour diminuer le nombre d'autosolistes - ces automobilistes qui prennent tous les jours leur voiture pour aller seuls au travail. Autre bonne nouvelle : la Loi d’Orientation des Mobilités (LOM) prévoit la possibilité pour tous les employeurs de rembourser les frais de covoiturage domicile-travail à leurs salariés en étant exonérés de charges jusqu’à 400 € par an et par salarié.

Utiliser son vélo

Si la distance entre votre domicile et votre lieu de travail le permet, pourquoi ne pas utiliser le vélo ? Bon pour la santé, pour l’environnement et le portemonnaie, le vélo a pourtant encore du mal à décoller en France : seulement 3% des Français se rendent au travail en pédalant, contre 23% chez nos voisins néerlandais, qui jouissent d'un climat moins propice. Éternel débat : les Français n'utilisent pas le vélo pour aller au travail en raison du manque d'infrastructures, ou les infrastructures manquent car les Français n'utilisent pas assez leur vélo ? Aux Pays-Bas, ce débat est bien loin, et le gouvernement construit aujourd'hui des autoroutes à vélos reliant les villages entre eux. Aller au boulot en pédalant à travers champs... À quand la même chose chez nous ?

Des doutes sur le vélo ou des faux arguments type ''et quand il pleut?'' ? Un article à lire ici qui démonte un à un les clichés (et la mauvaise foi) sur l'utilisation du vélo, le tout avec bonne humeur et exemplarité.

Favoriser le télétravail

Près de trois salariés sur quatre déclarent «manquer de temps», tandis que 60% «estiment que leur entreprise ne fait pas beaucoup de choses pour garantir leur équilibre des temps de vie», rapporte une enquête menée en 2018 par l’Observatoire de la parentalité en entreprise (OPE). En cause : la culture du présentéisme, au détriment de l'efficacité. Le saviez-vous ? Dans certains pays, rester tard au travail est considéré comme signe de mauvaise organisation...

L'une des solutions ? Le télétravail, qui s'est largement développé ces dernières années, même s'il se heurte à la frilosité de certaines entreprises. Autre avantage : il permet de laisser la voiture au garage, et pourrait contribuer à diminuer la responsabilité du trafic routier dans les émissions de GES. C'est le moment de négocier avec votre employeur...

Travailler dans un espace de coworking

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Le Club Melchior Coworking, au cœur de la commune de Charly (4 500 habitants),

située à une vingtaine de kilomètres de Lyon, au milieu des vignes et des vergers.

Les espaces de travail partagés - coworking - fleurissent un peu partout en France, et notamment dans les zones rurales. Initialement adressés aux travailleurs indépendants, les entreprises s'y intéressent de plus en plus pour leurs salariés désireux de faire du télétravail. Inutile d'emprunter sa voiture pour se rendre au travail chaque jour : avec des espaces de coworking implantés au cœur des villages, il suffit de traverser la rue. Une solution qui, si elle était généralisée en milieu rural, pourrait contribuer à diminuer la pollution liée au transport, améliorer la qualité de vie et revitaliser les petites communes. C'est l'ambition du Relais d'entreprises, ''un réseau de tiers-lieux pour télétravailleurs et entreprises agiles'', qui résume bien le concept dans la vidéo ci-dessous.

Faire ses courses

Fut un temps où aller faire ses courses se faisait en vélo ou à pied, dans les commerces de proximité ou les fermes de son village : bref, une autre expérience que nos superbes hypermarchés éclairés au néon et aux rayons de produits suremballés. Ne soyons toutefois pas non plus naïvement nostalgiques : les prix, les horaires peu adaptés et le manque de choix expliquent en grande partie la disparition de certains petits commerces, qui n'ont probablement pas su (ou voulu) s'adapter. Sans oublier que le succès des hypermarchés a coïncidé avec l'augmentation du travail des femmes, celles-ci n'ayant plus le même temps pour s'occuper du ravitaillement familial.

Que faire donc ? En fonction de son budget : acheter en plus grande quantité les produits non périssables pour diminuer ses aller-retours au supermarché, privilégiez les marchés locaux, les magasins de producteurs pour les produits frais (la petite carte ici), prendre un abonnement à une Amap ou une Ruche qui dit oui, ou, pour ceux qui ont la main verte et un jardin, créer son propre potager (en permarculture bien sûr!).

Accompagner les enfants à leurs activités quotidiennes

Amener ses enfants à l'école ou à leurs activités sportives et culturelles en diminuant l'usage de la voiture, c'est possible : privilégier le ramassage scolaire en bus s'il existe dans votre commune, alterner avec d'autres parents pour récupérer le petit dernier à l'école ou à la crèche, ou, si la distance le permet, y aller à pied ou à vélo.

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Arriver à l'école en vélo-cargo ou comment rendre jaloux tous ses petits copains.

À Louviers, dans l'Eure, l'agglomération a mis en place un moyen de transport écologique, sportif et gratuit : un vélo-bus d’une dizaine de places qui prend les élèves à domicile pour les emmener à l’école. Et ça fonctionne : 70,6 % des enfants se disent très motivés d'aller en classe avec le S'Cool Bus contre 17,6 % lorsqu'ils y vont en voiture. Une petite vidéo pour comprendre en images ce système qui ravit autant les enfants que les parents :

Si, malgré toutes ces alternatives, la voiture s'avère indispensable, optez lors d'un nouvel achat pour une voiture à faible émission en comparant plus de 4 000 modèles grâce au site Car Labelling de l'Ademe.

Sources