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#1 Des milliards d'objets,

et moi, et moi, et moi

Au cours de notre vie, une multitude d’objets passent entre nos mains. Pour les fabriquer, les emballer, les transporter et les vendre, il a fallu extraire et utiliser des ressources naturelles tout en additionnant au passage quelques tonnes de CO2 dans une atmosphère qui s’en passerait bien. Avec une durée de vie de plus en plus courte et des modes qui s’accélèrent, la masse d’objets qui traversent notre vie ne paraît pas près de diminuer.

C’est en cassant un énième tire-bouchon que je me suis posé la question : existe-t-il encore des objets conçus pour durer, si ce n’est une vie entière, à tout le moins des décennies ? Des objets beaux, solides, durables et fabriqués dans le respect des hommes et de la nature ?

Au-delà de l’aspect environnemental, combien d’heures, combien d’années de notre vie consacrons-nous à travailler pour acheter et racheter des objets qui cassent ? Et s’il était possible de n’acheter qu’une seule fois la plupart de nos objets ? A l’ère de l’obsolescence programmée, cette idée peut sembler bien naïve : les fabricants n’ont évidemment aucun intérêt à concevoir des produits de trop bonne qualité, ce qui aurait pour conséquence directe une baisse de leurs ventes et de leurs revenus. C’est le célèbre exemple de Dim et de ses collants conçus pour s’effiler au bout de quelques temps, ou celui des fabricants d’ampoules qui dans les années 30 décidèrent en catimini d’en réduire la durée de vie pour doper leurs ventes. Mais ne nous méprenons pas : ce système arrange tout le monde.

La politique de l'autruche...ou de l'éléphant

Ce n'est un secret pour personne, notre société fonctionne essentiellement grâce à la consommation de biens rapidement périssables. Celle situation arrange tout le monde : l'État perçoit la TVA sur les ventes (la moitié de ses recettes quand même), les entreprises vendent plus (ce qui serait en théorie bon pour l'emploi), et nous, consommateurs, accédons à une grande gamme de produits à prix modiques.

Et alors, quel est le problème ?
Le problème, c'est que ce système n'est pas tenable à long terme. Le poids caché de l'ensemble des matières qu'il a fallu extraire, exploiter et transporter pour fabriquer les objets présents dans un foyer français correspond à 45 tonnes, soit le poids de 8 éléphants. Pour mieux comprendre cette idée, un exemple concret : derrière notre frigo qui ronronne tranquillement dans la cuisine, il a fallu extraire 31 fois son poids en matières premières. Un gaspillage énorme, d'autant plus que ces ressources ne sont pas toutes renouvelables. En gros, au rythme actuel, nous ne pourrons pas continuer à fabriquer les objets qui peuplent notre quotidien. Ne serait-il donc pas logique de fabriquer des produits qui durent le plus longtemps possible ?

Et les emplois mon bon monsieur ?

Si l’on conçoit des objets de qualité capables de traverser le temps, il faudrait donc moins en produire, donc moins de salariés nécessaires, donc...plus de chômage ? Pas besoin d'être économiste pour réaliser que ce raisonnement ne tient pas longtemps la route : avec cette logique, il aurait fallu interdire les machines à laver, car elles ont rendu obsolètes les professions de blanchisseuses. L’éclairage électrique public, car a disparu avec lui le métier d’allumeur de lampadaires. Ou encore les voitures, puisqu’elles ont mis sur la paille auberges, relais de postes et palefreniers.

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Un allumeur de lampadaires à Paris

Bref, se proclamer écolo et consommer des produits de piètre qualité et fabriqués à l’autre bout du monde dans des conditions de travail dignes du XIXe siècle ne me semblait pas très cohérent : l’occasion était donc trop belle pour ne pas partir à la recherche de solutions.

Bienvenue dans la saison 4 du projet Cohérence.

Les chiffres de cet article sont extraits de l'infographie Ces objets qui pèsent lourd dans notre quotidien, réalisée par le site Qu'est-ce qu'on fait ?, en partenariat avec l'Ademe. Allez-y jeter un coup d’œil, c'est passionnant !

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#2 Les objets du quotidien